Célébration du 11 novembre

Le 11 novembre, fin de la Première guerre mondiale, est aussi une journée d’hommage à tous les morts pour la France 🇫🇷. Cet événement a été célébré à la Résidence de France, sur l’île de Grande Comore, et à la section consulaire sur l’île d’Anjouan.

Le 11 novembre à la Résidence de France

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(c) crédits photo : HugoTrix

L’ambassadeur de France a prononcé le discours suivant durant la cérémonie du 11 novembre 2021, à la Résidence de France.

Son excellence Madame la gouverneure de Grande Comore,
Son excellence Monsieur le président de l’assemblée nationale,
Son excellence Monsieur le délégué auprès du président de l’Union des Comores, chargé de la défense,
Son éminence Monsieur le grand mufti,
Son excellence Monsieur le ministre de la Justice, des affaires islamiques et de la fonction publique,
Son excellence Monsieur le ministre de l’Intérieur,
Monsieur le chef d’état-major des armées,
Monsieur le préfet du centre,
Monsieur le maire de Moroni,
Messieurs les officiers, sous-officiers et hommes du rang,
Messieurs les anciens combattants,
Monsieur le chef du bureau de l’Union européenne,
Monsieur le conseiller des Français de l’étranger,
Mesdames et messieurs les représentants des associations,
Chers invités en vos rangs, grades et qualités,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous remercie chaleureusement d’être venus ce matin vous joindre à nous pour commémorer la fin de la première guerre mondiale. Il y a 103 ans, le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, les clairons retentissaient, c’était l’armistice. Ainsi prenait fin, en tout cas sur le front de l’ouest, un long conflit de plus de quatre ans.

En France aujourd’hui, certains villages d’Argonne ou de Meuse n’ont pas été reconstruits et la terre porte toujours les stigmates visibles des combats. Au-delà de la France, le monde a été profondément changé à l’issue de ce conflit.

Je vois deux raisons fondamentalement à notre réunion pour commémorer cet épisode tragique de notre histoire commune.

D’abord, la part d’universel et en quelque sorte les grands enseignements que l’on peut tirer de cette guerre.

Prenait fin ce 11 novembre 1918 ce qui, à l’origine, était et aurait dû rester, en juillet 1914, une crise balkanique de plus. Mais cette crise, sortie de tout contrôle, par le jeu des alliances, par la défiance mutuelle, par la surestimation par les acteurs de leur capacité à forcer une issue rapide, aura abouti à la mobilisation de 65 millions d’hommes, à la mort de 18 millions et demi de combattants et de civils, à 21 millions de blessés, à 4 millions de veuves, à 8 millions d’orphelins. Pour la France, c’était la destruction du nord-est du pays et une saignée démographique.

Le monde également en est sorti profondément transformé, avec la création d’Etats nouveaux, la révolution communiste ; le nazisme, le stalinisme, de nombreux maux du 20e siècle sont les conséquences de la première guerre mondiale, à commencer par la seconde guerre mondiale elle-même ; beaucoup d’historiens voient d’ailleurs dans cet enchainement une nouvelle guerre de trente ans, de 1914 à 1945.

Dès 1918, nos prédécesseurs ont tenté de bâtir la paix, ils ont imaginé les premières coopérations internationales, mais l’esprit de revanche et la crise économique ont nourri la montée des nationalismes et des totalitarismes.

La guerre de nouveau, vingt ans plus tard, est venue ravager le monde.

Après 1945, en revanche, la volonté de trouver une autre voie s’est faite jour.

Cette volonté s’est incarnée dans l’Organisation des Nations unies, garante d’un esprit de coopération pour défendre les biens communs d’un monde qui a tiré les leçons des échecs douloureux de la Société des Nations comme du Traité de Versailles.

En Europe, une amitié s’est forgée entre les ennemis d’hier, l’Allemagne et la France. Elle a nourri un socle d’ambitions communes. Cette volonté s’appelle aujourd’hui l’Union européenne, une union librement consentie, jamais vue dans l’Histoire, qui nous a délivrés de nos guerres fratricides.

Le 11 novembre 1918, c’est certainement la démonstration de l’absolue nécessité de la paix. La paix comme assise et comme état d’esprit pour affronter les divergences et les traiter dans un esprit de dialogue, de compréhension mutuelle et de négociation, dans le respect des droits de chacun, nations, peuples et individus. La guerre n’est pas, ne peut pas être la solution. Elle ne devrait plus jamais être un mécanisme de résolutions des conflits. Elle peut être une tentation mais cette tentation doit être combattue.
Non qu’il faille nier les désaccords. Mais il faut trouver autrement les moyens de les régler ou de les surmonter sans cesser pour autant de rester vigilants face à ceux qui cherchent à imposer leur domination et à soumettre des peuples par la force, la terreur et l’horreur. Ceux-là ne passeront pas et nous ferons, ensemble, front comme le firent comme nos aïeuls. C’est aussi cela le message du 11 novembre.
Le 11 novembre 1918, c’est depuis 2012, le jour de l’hommage à tous les morts pour la France. Ce 11 novembre 2021 verra l’inhumation d’Hubert Germain, le dernier des Compagnons de la Libération, dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont Valérien.
Cette journée du 11 novembre d’hommage rendu à l’engagement et au sacrifice de tous ceux qui, venus de tous les continents, sont morts ou ont été blessés pour la France est aussi l’occasion de rappeler que les armées continuent à payer le prix du sang pour défendre la France, les Français ainsi que les Amis de la France.
Depuis 2013, en Afrique, la France combat sans relâche les ennemis de la paix entre les peuples. Au cours de ces 8 années de combat contre le terrorisme islamiste, les pertes militaires françaises au Sahel s’élèvent à 57 militaires. En 2020 et 2021, ce sont 14 militaires qui ont laissé leur vie dans la force de leur jeunesse. Ils avaient une moyenne d’âge de 26 ans.

La deuxième raison que je vois à ce que nous commémorions le 11 novembre ici, ensemble, s’incarne dans une personne, que je remercie chaleureusement d’avoir accepté mon invitation et d’être mise aujourd’hui en avant, je veux dire madame la gouverneure de Ngazindja, son excellence Sitti Farouata Mhoudine.

D’abord, avoir comme invitée d’honneur une femme dans la célébration de ce qui a pu longtemps être considéré, à tort, comme une affaire d’hommes, les affaires militaires, c’est aussi indiquer que la résolution des conflits par la paix et par le droit est quelque chose qui nécessite l’inclusion de tous et toutes, dans l’égalité effective des droits. Ce combat pour les droits des femmes, c’est le vôtre, madame ; c’est aussi celui de la France et soyez assurée ici que nous sommes à vos côtés pour le mener.

Mais aujourd’hui, je veux avant tout rendre un hommage particulier aux tirailleurs comoriens. Et pour ce faire, je voudrais honorer la mémoire de tous en évoquant de façon singulière celle de l’un d’entre eux.

Celui dont je vais parler n’a pas hésité à quitter ses hautes fonctions pour s’engager pour la liberté, pour la France. Il s’agit du prince royal Saïd Houssein ben sultan Saïd Ali, et cet homme n’est autre, madame la gouverneure, que votre grand-père maternel.

Le Sultan Saïd Houssein, chevalier de la légion d’Honneur, s’engage dans le premier régiment de tirailleurs malgaches dès le début de la Grande Guerre. Réformé en 1916 et malgré l’avis de la commission de réforme, il s’engage à nouveau, cette fois au sein du prestigieux régiment de marche de la Légion Étrangère - aux cotés de Blaise Cendrars et de Guillaume Apollinaire.

En octobre 1939, il se portera à nouveau volontaire pour participer à la seconde guerre mondiale et persuadera le commandement militaire de mettre sur pied un bataillon comorien mixte constitué de volontaires de l’archipel.

Le Sultan Saïd Houssein illustre comment les Comores ont largement pris leur part dans les combats de la France et particulièrement ceux de la première guerre mondiale. Entre 1915 et 1918, environ 1 300 comoriens ont combattu au sein du 1er bataillon de Tirailleurs Somalis. Ils ont fait preuve d’un engagement remarquable et se sont illustrés courageusement sur les champs de bataille. Ils participent à l’assaut du fort de Douaumont à Verdun, ils sont au premier rang en 1917 lors de l’attaque du Chemin des Dames, ils participent à plusieurs batailles dans l’Aisne jusqu’en juin 1918. Leur bataillon a obtenu trois citations dont deux à l’ordre de l’armée. Ce bataillon est décoré de la croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes et une étoile d’argent.

Ces braves avaient été intégrés dans les rangs des tirailleurs malgaches et somalis, avec l’encouragement moral du grand cadi des Comores. Ils sont tombés loin de chez eux pour que vive la France. Nous leur exprimons un profond respect pour leur sacrifice. Cet engagement a été longtemps occulté, et je voudrais les remercier ainsi que leur famille pour avoir servi nos idéaux de Liberté, d’Égalité, de Fraternité.

Hommage soit rendu aux braves des Comores engagés dans la Grande Guerre !

En ce 11 novembre 2021, je vous remercie, mesdames et messieurs, pour votre présence, qui illustre la nécessité de notre engagement commun pour la paix et pour l’avenir du monde.

Vive les nations libres du monde !
Vive l’amitié entre les peuples !
Vive la France !
Vive les Comores !
Vive l’amitié entre la France et les Comores !

Je vous remercie

Cérémonie du 11 novembre sur l’île d’Anjouan

Le 11 novembre a également été célébré sur l’île d’Anjouan, à l’antenne consulaire de Mutsamudu, en présence de Valérie Morar, cheffe de l’antenne consulaire.

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D.R.

Dernière modification : 18/11/2021

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